vendredi 16 août 2013

Vive le vent, vive le vent d'hiver !

Ah l'Eté ! Son soleil, son ciel bleu, sa nature verdoyante, son cadre propice au bonheur... C'est la saison idoine pour les bonnes choses, et les moments agréables, la saison qui permet de décompresser, de se refaire un moral. C'est la saison des douceurs, celle où on râle moins, durant laquelle la pilule passe mieux.
C'est aussi et surtout le temps où il s'agit de profiter de la bonne humeur ambiante pour positiver en toutes circonstances. C'est dans un contexte soigneusement préparé que nos gouvernants ont agi, pour anticiper et atténuer les effets d'un Automne qui pourrait s'annoncer chaud bouillant dans le pays.
Oui, alors que notre pays s'enfonçait littéralement dans la contagieuse sinistrose, il était important  de marquer le coup, qui plus est en jouant la surprise d'une bonne nouvelle pour assurer et se rassurer.
C'est ainsi que dans un premier temps, on nous annonça d'abord des signes positifs en faveur d'une reprise économique, et que dans la continuité, on annonça un inattendu rebond de 0.5 % ! Véritable rebond, durable qui plus est, ou ajustement technique ? Enfumage politique peut-être ? Tentative de décryptage.
C'est le scoop de l'Eté, annoncée à grands renforts de médias : La France est sortie de la récession ! Et à la surprise générale semble-t-il vu l'étonnement perçu chez nos politiques. Chacun comprendra, que l'effet de surprise, lorsqu'il s'agit de nouvelles positives a toujours des effets agréables sur les gens, comme pour conforter une méthode. C'est dire la confiance en celle-ci...

L'effet de scène est rôdé, parfaitement orchestré en une partition bien réglée pour une excellente communication médiatique. Tout commence par des déclarations très simples, censées retenir l'attention, des déclarations teintées de mystique. Sans plus de précision, les voici qui parlent de signes. Un peu comme Jeanne d'Arc lorsqu'il s'agit de guider de façon providentielle...
Puis ces déclarations sont suivies, dans un bon timing, des chiffres qui étayent un optimisme naissant : la croissance est de retour, chiffrée à 0,5 %. Donnée tout à fait inattendue s'empresse-t-on de préciser.
Et les satisfecit ne tardent pas, là où il faudrait de la mesure et de l'humilité : "grâce à la politique de l'emploi et du déblocage du crédit que la France sort de la récession (...), la reprise est bien là est doit être soutenue par la triple politique mise en oeuvre par le Gouvernement, soutien massif à l'emploi, protection du pouvoir d'achat des français et relance des mécanismes de financement de l'économie pour l'investissement", s'enflamme Karine Berger, secrétaire national au PS en charge de l'économie.

La première des questions à se poser est de savoir comment le français lambda accueille ces annonces. Et au vu de la réserve perçue ça et là, les choses sont à prendre avec tempérance et modération, ce que confirme en outre l'étude des chiffres énoncés.

Un fait d'abord, indubitable : le PIB de la France a bel bien rebondi de 0,5 % au second trimestre de cette année ; le pays n'est plus en récession, et pourra compter au terme de l'année sur une hausse acquise de son PIB, de l'ordre de 0,1 %.
Mais ne nous y trompons pas, ce regain est essentiellement lié à une augmentation de la consommation des ménages avec une demande intérieure en forte hausse, notamment dans le domaine énergétique. Cela en raison d'un hiver rigoureux qui a joué les prolongations au printemps (je n'ai, pour ma part, coupé le chauffage que début Juin, contre Mai en temps normal...), davantage que sur "l'engagement du Président, qui donne des résultats." dixit Manuel Valls...
Pour s'en convaincre, il suffit de constater la chute de 0,8 % des dépenses de la consommation des ménages en Juin, dès l'arrivée des beaux jours, ce qui revient à dire que les français ont puisé dans leur bas de laine pour fournir cet effort de consommation, mais simplement pour se chauffer. A quoi tient une croissance... CQFD.

D'une croissance qui repart, on attend une hausse de la consommation, relative à une hausse du pouvoir d'achat, une hausse de l'investissement, et une relance de l'emploi.

Or, plombé par une hausse de la fiscalité qui ne suffit pas à juguler les nouvelles dépenses de l'Etat dont le déficit se creuse encore, le pouvoir d'achat des français n'a pas augmenté, d'autant qu'il faudra compter avec de nouvelles hausses d'impôts l'an prochain... Dès lors, les français qui anticipent ce climat dégradé, n'investissent pas. Soyons cohérent, nul ne saurait voir un retour de la croissance dans son portefeuille.

Hausse de la dépense publique, combinée à une production industrielle qui a dévissé de 1,4 % en Juin : notre pays génère de la Dette sans créer de richesse.

Dans le même temps, on constate que l'investissement des entreprises non financières continue de baisser (-0,4 %) en raison d'une fiscalité oppressante et de marges très basses.

Du côté de l'emploi maintenant, pas de surprise : net recul sur ce même second trimestre avec 27.800 postes en moins. Sur Juin, on note 14.900 chômeurs de plus ; en parallèle, on notera une hausse de 8,4 % du nombre de radiés. Preuve d'un climat social qui ne s'améliore pas.
Dès lors, si inversion de la courbe du chômage il y a, elle ne se fera pas via le secteur privé, mais par le biais du secteur public et des emplois aidés.

Bref, au final, pas vraiment de quoi grimper au rideau, pas non plus de quoi sombrer dans la sinistrose (on est encore en Eté...) dont on sait à quel point ses effets peuvent être dévastateurs dans un climat qui nécessite de la confiance. Pas de quoi, non plus se pâmer devant l'action gouvernementale, dont on attend tellement plus et tellement mieux.
Mais en cette période estivale, propice à la naissance de petits bonheurs nés d'un hiver plus long qu'à l'accoutumée, il faut savoir se contenter de peu et savoir bien l'apprécier. Tout est bon pour positiver, et c'est peut-être Manuel Valls qui dit vrai, lorsqu'il déclare : "Il faut redonner de l'espoir et c'est ce que fait ce chiffre." Parce que l'espoir fait vivre, et... gagner du temps.

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