mercredi 24 octobre 2012

Se poser les bonnes questions.

L'actualité vient de nous offrir un fait divers pour le moins effroyable, qui assurément, ne saurait être cantonnée au rang d'une information vite dit, tant sa gravité fait froid dans le dos tout en mettant en lumière une réalité face à laquelle nous devons ouvrir les yeux avec lucidité.
Le décès du bébé accouché sur l'autoroute A 20 est un drame humain terrible et insupportable pour chacun d'entre nous ; un drame qui peut-être aurait pu être évité.
Il est important dans ce cas précis d'utiliser le conditionnel tant que l'enquête administrative demandée par l'ARS (Agence Régionale de Santé) n'a pas rendu ses conclusions autour de cette sordide affaire.
Toutefois un fait demeure ; cette histoire a mis sur le devant de la scène les problématiques relatives à la désertification médicale, un sujet importantissime qui peut tracer les contours du Destin d'un territoire.
Ce serait une erreur et un raccourci trop simpliste de mettre le décès de cet enfant sur le compte exclusif de la désertification médicale tant que l'enquête ordonnée n'aura pas rendu ses conclusions. De nombreuses questions demeurent en effet en suspens, liées au mode de transport, au choix de la maternité, à la condition même de l'enfant...

Il n'en demeure pas moins que la question de lé désertification médicale se pose nécessairement s'agissant des zones rurales ou semi-urbaines.

Souvent dans le domaine médicale on signale les dysfonctionnements, dans le but de trouver une solution pour y remédier ; mais souvent cela reste lettre morte, et on compense du mieux qu'on peut. Jusqu'au jour où un drame, vient sanctionner et faire prendre conscience des problématiques.

La faute à un contexte, à une évolution sociétale particulièrement contestable qui veut que le domaine de la santé s'administre et se gère dans une logique de plus en plus basée sur le comptable. Grave erreur !

Le drame de Figeac est là pour mettre en avant, les faillites et l'échec d'un mode de fonctionnement qui visait par souci d'économie à regrouper les activités médico-chirurgicales dans les grands centres au détriment d'unités de proximité, jugées coûteuses et non efficientes.
Concernant le cas du Lot, pour ce qui concerne cette douloureuse histoire, trois maternités du secteur ont fermé en l'espace de dix ans, éloignant Figeac (10.000 habitants) de 45 minutes à plus d'une heure des maternités alentour.

Dès lors quand bien même, la désertification médicale, dont on dira volontiers qu'elle a été organisée, ne serait pas en cause dans le décès du-dit bébé, il n'en demeure pas moins, selon toute logique que plus on éloigne les usagers de centres de soins, plus on augmente le risque d'incident ou d'accident à leur égard.

Cela est une vérité incontestable. L'obéissance à la sacro-sainte logique comptable a ses limites ; qui plus est en matière de santé pour laquelle la maxime dit qu'elle n'a pas de prix.

Il n'est toutefois pas question d'agir de façon démagogique en suréquipant des territoires qui ne le nécessitent pas, mais de mener une réflexion plus profonde sur la question de l'accès aux soins qui doit être pensée non pas en fonction de critères généraux et génériques, mais davantage sur des critères particuliers, tenant compte de la réalité de certains territoires, géographique, topographique, sociologique, de sorte de pouvoir adapter l'offre aux besoins, tout en garantissant un égal accès aux soins essentiels à chacun. C'est cela l'optimisation.

Un équipement de santé est un outil structurant pour un territoire, qui en assure à la fois la sécurité sanitaire, mais également l'attractivité. En effet, qui irait s'installer en un lieu où il ne pourrait pas se faire soigner ?
Dès lors, le devenir des centres de proximité ne doit pas être pensé de façon arbitraire, mais de façon juste, cohérente et pertinente pour maintenir l'équilibre sanitaire et social des territoires. L'équité contre la paupérisation, de celle qui "tiers-mondise".
Cela en appelle à la responsabilité de chacun, tutelles, élus, médecins, correspondants locaux, personnels de soins, et usagers qui doivent valoriser les outils dont ils disposent..

La Creuse ne fait pas exception à la règle, elle est même particulièrement concernée. Charge à chacun de comprendre qu'en se battant pour la survie de nos établissements de santé, nous contribuons à garantir un avenir à notre territoire.

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