jeudi 19 janvier 2012

Apéro-Démocrate à Aubusson : Reconstruire une Démocratie digne de ce nom.

Après la Souterraine et Guéret, le MoDem 23 faisait escale à Aubusson pour le troisième rendez-vous thématique autour des grands axes de la Campagne Présidentielle. Après Produire, et Instruire, c'est la notion de Reconstruire une Démocratie qui s'est soumise au jeu du débat.
Et sur ce sujet d'importance, la foule des grands soirs se massa au bar le Chapitre, avec plus d'une trentaine de convives qui participèrent au débat animé par les responsables du Mouvement Départemental, et un conférencier expert en matière de Droit Constitutionnel, Michel Delevallée.
Incontestablement, ce sujet, à la fois technique et philosophique , car relatif à la notion de Pouvoir et de son exercice, a su mobiliser un large éventail de personnalités, d'horizons politiques variés. Qui plus est lorsque le débat en lui-même est co-animé par un professeur de sensibilité Front de Gauche.

C'est la preuve, si besoin en était, qu'il est possible, de fédérer, agréger et mobiliser les gens par delà les clivages traditionnels, autour de sujets essentiels et importants qui seront au coeur du débat politique à venir. Le thème de la Démocratie en est un, assurément. Et les questions soulevées par cette notion rassemble une large part de la population.

Première cible : le bipartisme, qui clive et divise l'opinion. Il s'agit là d'une faiblesse majeure qui ne correspond pas à la culture de notre pays. M. Delevallée, en convient : "Le bipartisme n'est pas dans la tradition politique française qui lui préfère le pluralisme politique".
Un état de fait favorisé par la règle du jeu électoral avec un scrutin uninominal à deux tours, qui élimine au premier tour pour n'avoir que l'affrontement de deux blocs au second tour excluant toute autre mouvance du débat, et de toute représentativité. Ce mode de scrutin qui favorise la bipolarisation de la vie politique française met clairement en difficulté toute formation qui voudrait s'affranchir de tout lien de subordination à l'un ou l'autre des blocs. L'indépendance est à ce prix.

Une partie de l'auditoire, très attentif.
Le bipartisme ne concourt pas à l'émergence d'un consensus. Il divise l'opinion, fait le lit de la démagogie lorsqu'il s'agit de surenchérir un catalogue de promesses...
Diviser l'opinion, scinder celle-ci en deux camps qui s'affrontent (souvent de manière stérile), ce n'est pas rassembler. Et la majorité n'est forcément légitime que pour une seule partie de l'opinion. Le respect du pluralisme peut faire naître une majorité "centrale", consensuelle et légitime. Pour cela, il s'agit de remettre à plat les règles du jeu électoral et mettre en place un système avec une dose de proportionnelle. Une configuration plus équitable qui permettrait "une plus juste représentation des français dans l'hémicycle." Il n'est en effet pas normal que lorsqu'un mouvement politique tend à peser entre 15 et 20 % de l'électorat, celui-ci n'ait pas de représentation au Parlement, alors qu'un autre qui pèse entre 2 et 5 %, par le jeu des alliances qui assujettissent, puisse disposer d'un groupe parlementaire.
Et lorsque dans l'auditoire on objecte qu'un tel système "ferait rentrer l'extrême droite à l'Assemblée", les Démocrates Creusois rétorquent "qu'il vaut mieux affronter les extrêmes à la Tribune que de les laisser cheminer souterrainement. C'est le seul moyen de les battre réellement." En effet, l'extrême droite fait le lit de son électorat sur la peur des gens et sur son absence de responsabilité aux affaires.

Autre piste ; l'obligation de restaurer la fonction originelle du Parlement, qui ne doit plus être une "vulgaire chambre d'enregistrement" soumise à la volonté du Pouvoir Exécutif, mais au contraire, "un lieu de débats d'où naît l'expression de la volonté du peuple." Une attaque directe à la dérive de la Consitution qui institue en période concordance des majorités - présidentielle et législative - une véritable monarchie républicaine au sein de laquelle la fonction présidentielle est démesurément amplifiée aux dépends de celle du premier ministre, sans devoir répondre d'une quelconque responsabilité.

Autre attaque ciblée : les dérives liées à l'exercice du Pouvoir. "Le jeu des nominations pose nécessairement la question de l'indépendance de nos instances et des médias". Michel Delevallée de renchérir à ce propos : "C'est la question de la séparation des pouvoirs qui est ici en jeu."
Une question cruciale qui plaide pour l'indépendance de nos institutions, telle que la Justice, pour un respect scrupuleux de la séparation des pouvoirs, seule garante d'un fonctionnement démocratique digne de ce nom. Cela permettrait d'éviter nombre de scandales qui éclaboussent la République.
Enfin, une réflexion sur le Cumul des Mandats, "confisquateur de Démocratie" qui concentre les pouvoirs dans les mains d'un même homme, sans contre-pouvoir pour rétablir l'équilibre. Une dérive insitutionnelle qui tend à une professionalisation de la fonction politique, et qui nécessite un réajustement. Par exemple, ne cumuler qu'un mandat parlementaire avec un mandat d'éxécutif local, pas davantage.
Liliane Lenoble était là !
Au total, un débat riche, très participatif sur un sujet qui accoucha de réflexions et de pistes unanimement partagées ; un événement qui, pour Nathalie Pagani et Mathieu Charvillat "permet de sensibiliser et d'informer les gens sur des questions importantes, tout en leur donnant la parole."
Car au fond, c'est cela la Démocratie !
Mathieu Charvillat et MichelDelevallée.

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