mercredi 16 novembre 2011

Cyber-Base : l'art subtil du copier-coller.

Dans son édition du 05 Novembre dernier, le quotidien La Montagne a mis en avant l'inauguration d'un cyber-espace consacré à l'emploi : la Cyber-Base emploi d'Aubusson, qui s'inscrit dans le projet plus global de la Maison de l'Emploi à Aubusson, mais aussi dans un schéma de développement numérique des territoires, en constituant un relais local sur différents sujets, tels que l'Education, le développement économique, l'emploi...
Le réseau français est constitué sur l'ensemble de son territoire de 817 espaces, animés par 1900 professionnels.
Localement, la Cyber-Base emploi d'Aubusson, ouverte le 17 Février 2011, n'a cessé de voir sa fréquentation croître, acceuillant de façon journalière neuf personnes en moyenne, constituant selon le quotidien local, un réel succès, justifiant un réel besoin.
Toutefois, interrogeons-nous un instant sur ce dispositif et sa mise en oeuvre dans la cité tapissière.
Un espace Cyber-Base est un espace numérique porté par une structure publique, comme une collectivité locale, administrée par une équipe d'animateurs professionnels.
Sa mission originelle consiste en la sensibilisation et l'initiation de tous les publics à l'usage de l'Internet.
Au demeurant, il s'agit d'un outil au service du développement du territoire qui peut soutenir divers projets locaux.
Cet espace est à même de répondre à la multiplication des usages innovants de l'Internet, outil quasiment incontournable du quotidien.
Une Cyber-Base s'adapte aux besoins du public et au contexte territorial afin d'élargir son offre de services au usagers, en intervenant sur des thèmes tels que l'emploi (c'est le cas à Aubusson), l'accompagnement des mineurs sur Internet...

Nous dénombrons quatre Cyber-Bases dans le Département (La Souterraine, Dun le Palestel, Aubusson et Felletin), dont nous rappellerons qu'elles sont là pour réduire la fracture numérique territoriale. De prime abord, cela revient à penser que c'est la réponse à apporter à de vrais carences  et insuffisances en la matière, puisque l'éventail creusois correspond à un peu plus de 2 % du dispositif national, quand on ne compte que deux Cyber-Bases en Corrèze (Brive, Tulle).

Sur la structure Aubussonnaise elle-même, force est de constater qu'elle dispose de moyens performants : dix postes informatiques reliés à Internet via la fibre optique, et un dispositif de Vidéo-projecteur avec grand écran, ainsi qu'un dispositif de visio-conférence "multisite". Un ensemble dont il est en outre précisé qu'il est accessible aux personnes à mobilité réduite (ce qui n'est pas le cas de la passerelle qui surplombe la Creuse...).

Un ensemble de qualité, il faut le dire, mais un ensemble qui ne laisse pas insensible en Sud Creuse, où plusieurs voix se sont élevées sur le sujet. En effet, récemment contacté par un témoin que nous appellerons classiquement MR X désirant conserver l'anonymat, je me propose de vous livrer ses confessions sur le sujet, des confessions qui ne manquent pas d'interpeller sur ce que nous appellerons volontiers l'art subtil du copier-coller....

"J'ai assisté Jeudi 03 à l'inauguration de la Cyber-Base d'Aubusson, dans la maison de l'emploi. Mr Moine nous a fait un discours sur l'utilité de l'Internet, de la Cyber-Base, démontrant l'intérêt des nouvelles technologies, ventant cette Cyber-Base qui rayonne sur tout l'arrondissement d'Aubusson."

Jusque là, rien de bien extraordinaire au travers des ces mots convenus et de circonstance. Oui, mais voilà...

"Le problème est que la plupart des actions ont été déjà développés par la Cyber-Base de Felletin (9 Kms d'Aubusson) :
  • Initiation à la recherche d'emploi sur Internet.
  • Accès à Internet pour les recherches d'emploi.
  • Initiation à l'usage des outils informatiques.
Mr Moine s'est également exprimé sur la volonté de développer une "cyber-base itinérante". Excellente idée... C'est exactement ce que fait l'animateur de la Cyber-Base de Felletin qui se déplace sur le territoire de la com-com Aubusson-Felletin, ce que savait Mr Moine, sans le mentionner. L'assistance présente ce jour aura eu l'impression d'une innovation dans cette réflexion."

Déjà plus croustillant sur le sujet, le meilleur étant à venir...

"On a donc une Cyber-Base de Felletin étranglée par une subvention de la com-com, passée de 12 000 € à 5 000 €, et un emploi dont le financement de la part de la Région Limousin (au sein de laquelle siège son vice-président Mr Pallier, régional de l'étape) s'arrête en Mai 2012 au motif que notre action n'est pas destinée à un public démuni. D'autre part la Cyber-Base d'Aubusson dispose de crédits généreux pour refaire ce qui se fait à Felletin".

Chacun aura noté que selon le témoignage, le public aubussonnais qui vit à moins de 10 kms de Felletin serait plus démuni que les felletinois... Étrange tout de même...
Et cela continue...

"Il a été dit qu'il faudrait un second animateur à Aubusson. Pourquoi, dans ces conditions ne pas embaucher celui de Felletin, pour lui faire refaire le même travail ?...
(...) Lors de la dernière Assemblée Générale, Messieurs Daroussin et Moine, interrogés sur la baisse de la subvention, l'avait justifiée par le manque de moyens de la com-com, et nous avaient parlé de dispositifs X ou Y qui pourraient nous assurer quelques financements, à condition de remplir des dossiers, d'avoir du temps..."

La question des moyens de la Communauté de Communes se pose d'autant plus avec la question de la future piscine intercommunale, qui va nécessiter la mise en oeuvre d'importants financements...
Au delà de cette stricte question strictement financière, il ressort du témoignage de Mr X. cette désagréable impression de récupération, par le politique, d'une structure, dont personne ne saurait contester ni l'utilité, ni l'importance dans le tissu social local, au détriment d'une autre structure, pionnière et... Indépendante.
En gros, on déshabille Felletin pour habiller Aubusson, en parlant d'innovation, d'utilité publique, mais en précisant toutefois que Felletin n'a pas un public démuni en matière d'accès au numérique...

Bien entendu, ce témoignage est éloquent, prouve que des langues se délient de plus en plus localement, et que derrière bien des façades policées et éminemment positivistes, se cache parfois une réalité toute autre, qui vient modérer les choses : la récupération politique, ou l'art subtil du copier-coller sans que cela ne se voit...

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