samedi 6 août 2011

Entre Lucidité et Espoirs...

«  Le président de la République a un plan. Il conduit la France là où elle a toujours refusé d’aller. L’abandon du modèle républicain, le culte de l’argent, le choix d’une société d’inégalités, le renoncement à ce qui faisait la force et l’originalité de la France dans le monde. Partout, la France se range du côté des puissants. En même temps, tous les centres de décision, politiques, économiques, médiatiques sont convoités et mis en réseau. L’arbitraire règne en maître. Jamais démocratie ne porta plus mal son nom. Jamais République ne fut pas moins publique. »
Cet extrait résume bien l'image de ce qu'est la France aujourd'hui. Cette France, par essence, républicaine, laïque et sociale qui s'était construite autour de grandes valeurs et de belles idées, semble s'être fourvoyée et perdue. Ces phrases résonnent comme un évident constat de notre actualité, se prêtent parfaitement à l'analyse socio-politique que tout un chacun pourrait faire de la France de 2011.
Or cet extrait n'est en rien le bilan de la France d'aujourd'hui ; c'était une prémonition.

Ces quelques lignes ont été écrites par François Bayrou, auteur d'Abus de Pouvoir, paru en Avril 2009, et trouvent maintenant tout leur sens.

Avant la prochaine parution d'Etat d'Urgence,  il est bon de se replonger quelques années en arrière pour revenir sur l'analyse visionnaire et concrètement réelle faîte alors par le Président du Mouvement Démocrate, pour bien prendre la mesure des défis que la France devra relever dans un futur proche, et mieux apprécier encore la finesse et la justesse de l'introspection sociétale et politique de notre pays opérée par François Bayrou. 
Il serait en effet trop facile de se complaire dans la satisfaction d'avoir vu juste, d'avoir eu raison sur le mal qui vicie notre République. Ce simple contentement ne saurait rien assouvir. L'essentiel est ailleurs : la démarche trouve son intérêt dans les réponses à apporter maintenant que l'origine du mal est connue.
La France a ainsi des valeurs et une Histoire qui sont d'une richesse inestimable et qui constituent le terreau dans lequel les fondements de notre société doivent reprendre leurs racines. La devise de la République, Liberté, Égalité, Fraternité en est la poutre maîtresse.

Croire que ce livre n'est qu'un réquisitoire établi par François Bayrou à l'encontre de Nicolas Sarkozy serait un raccourci à la fois fantasmatique et caricatural, ce serait retirer toute la substance de l'ouvrage. L'auteur y dépeint en fait les dérives d'une société guidée par le grand capital dont Sarkozy est le bras armé. Le message de fond qui y est dispensé est que la République est en danger, que cet "idéal fait pour protéger les plus faibles" instaure aujourd'hui une société des inégalités croissantes.
Pour s'en convaincre, il suffit de se rappeler les mots de l'économiste Alain Minc qui écrivait dans les années 1990 : "Une société dynamique, en pleine croissance, et offrant des espoirs de progrès individuels, pourra sans doute davantage tolérer d'inégalités qu'une société qui croît moins vite (..) Il faut donc trouver le niveau d'inégalités nécessaires qui pourra assurer le dynamisme économique." Ce qui revient à dire que les inégalités sont le moteur de la croissance ! Édifiant ! Et plus encore aujourd'hui que notre regard peut s'appuyer sur le recul du temps. En effet, qui saurait contester l'authenticité d'un contexte national étayé par des faits de l'actualité quotidienne que chacun peut constater.
François Bayrou, lors de sa visite en Creuse.
Photo : Soazig de la Moissonnière.
Dès lors, que l'on soit ou non pro-Bayrou, force est de devoir admettre que le Président du MoDem avait vu juste sur toute la ligne, et que la prémonition de 2009 est aujourd'hui une réalité ; une réalité face à laquelle l'état d'urgence doit être déclaré.  
La lucidité a guidé sa plume, cette même lucidité, condition de l'exactitude, qui avait conduit François Bayrou a faire de la dette le coeur de sa campagne des présidentielles de 2007, lui qui avait alors proposé d'inscrire dans le marbre de la Constitution, le principe d'équilibre budgétaire. Le débat actuel, sur la règle d'or, tend à souligner la pertinence de cette proposition quant à l'assainissement de nos finances publiques. Les exemples de la justesse de l'analyse de Bayrou sont légions, et il serait aisé d'en faire le catalogue. La réponse à l'état d'urgence qui sévit dans notre pays, bien qu'éminemment politique, et avant tout humaniste : François Bayrou appelant à avoir de l'espoir, réclamant de s'appuyer sur des valeurs, celles qui font la France. Le Président du MoDem en appelle au dépassement des clivages partisans, à l'indépendance à l'égard des appareils politiques traditionnels, embourbés dans des luttes idéologiques stériles, et qui ne répondent pas aux défis de la France d'aujourd'hui.
Comprendre que réduire le débat politique à la simple aversion d'un camp vis à vis de l'autre relève de l'obscurantisme politique, comprendre que notre mode de scrutin, qui est profondément inégalitaire pour une juste représentation des français, est une aberration, c'est déjà progresser.
A ceux, influencés par la caricature, qui imaginent le Mouvement Démocrate comme un parti isolé, recroquevillé sur lui même, ils font erreur, car le MoDem est un parti de transparence, d'ouverture, de rassemblement et de transcendance. Ses rangs sont beaucoup plus fournis qu'il n'est réellement avoué, se densifiant un peu plus chaque jour au gré des prises de conscience.
Des prises de conscience auprès desquelles il convient de faire néanmoins quelques distinctions : il y a en effet, certains politiques qui semblent s'être réveillés après, pour certains, une décennie de participation à construire cette France décrite dans Abus de Pouvoir, des politiques qui voudraient reprendre à leur compte, de par la conjoncture actuelle, les notions d'humanisme, d'indépendance, de troisième voie, alternative... Un copier-coller du discours Bayrouiste, mais sans en avoir ni la substance ni la saveur. "Il faut distinguer la vraie de la fausse monnaie", avait déclaré le Président du Mouvement Démocrate, lors de sa visite en Creuse. Effectivement, qui saurait crédibiliser des hommes qui ont collaboré ou sont les initiateurs de la politique gouvernementale depuis dix ans... Nul n'est dupe de ce type de manoeuvre.
L'indépendance ou la liberté supposent le courage qui lui-même se mesure à l'aune des épreuves traversées et endurées : la solitude, le mépris, une traversée du désert ; autant d'adversité que François Bayrou a assumé, sans jamais se vendre ou se corrompre, par honnêteté intellectuelle, celle qui caractérise les hommes de tempérament et de parole.
Les français ne s'y trompent d'ailleurs pas. Un sondage de l'institut Louis Harris a récemment crédité François Bayrou de 13 % d'intentions de vote au premier tour des élections présidentielles de 2012, loin devant Jean-Louis Borloo.
Nous nous garderons bien de toute interprétation excessive et prématurée, mais ces chiffres sont le témoin d'une dynamique incontestable.
Le MoDem peut être cette troisième voie, qui, par les valeurs dont il se réclame, fondement de mon engagement citoyen, saura répondre aux exigences d'aujourd'hui et de demain, mieux qu'une Droite au sein de laquelle, l'UMP est par trop hégémonique, semblant coupée du monde réel et de la réalité du quotidien des français, et qu'une Gauche qui semble, au nom d'un Dogme, mener un combat d'un autre temps.

"Il est important de savoir aller à l'idéal et de comprendre le réel". Voici la phrase qui résume tout ; tout un combat politique. Elle est signée d'un Jean Jaurès qui se retourne peut-être dans sa tombe.
Oui, la politique réclame le juste équilibre entre rêve et pragmatisme, autrement dit, Lucidité et Espoirs...

3 commentaires:

  1. Martine Aubry a dit à propos de ce livre que je n'ai pas lu qu'il y avait un petit air de plagiat.

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  2. A propos d'Abus de pouvoir évidemment!

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  3. Mathieu CHARVILLAT27 août 2011 à 08:43

    Justement Aurel, il faudra le lire !

    Pour une raison simple c'est que vous y trouverez, par delà la thématique première de l'ouvrage, tout une somme d'anecdotes personnelles de bayrou, relevant de son expérience politique, et/ou ministérielle pour juger et apprécier de cette thématique.

    Je me souviens de ces propos d'Aubry qui y voyait un plagiat de, La France en Libertés surveillées, que je n'ai pas lu, mais que je suis pret à lire pour juger objectivement.

    Toutefois, cette histoire n'est pas allée plus loin que la simple déclaration ; sans doute la Justice n'aurait elle pas considérée la notion de plagiat au sens ou Martine Aubry l'entend.

    Cependant, promesse est tenue, je lirai l'ouvrage, et vous donnerez un point de vue vrai et objectif. Rdv dans un mois !

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