samedi 18 juin 2011

Sexe, mensonges et politique.

Ce pourrait être le titre ou le synopsis de quelque thriller du Lundi soir, tant les termes choisis peuvent apparaître naïvement caricaturaux pour décrire le quotidien et l'existence des hommes de pouvoir.

L'affaire Lewinsky, premier scandale de l'ère moderne.
Et pourtant, il semble que plus d'une fois qu'à son tour, la fiction rejoint voire dépasse la réalité, laissant apparaître que l'exemplarité qu'incombe la fonction politique n'est qu'illusoire, et que l'aura qui enrobe l'homme qui en est le représentant n'est qu'une imposture fantasmatique.

Quant à la description, l'utilisation et l'instrumentalisation qui est construite autour de ces affaires par le pouvoir médiatique, désormais davantage adepte de sensationnalisme malsain, que de transcription objective, (à des fins de parts de marché et d'audimat), elle semble faire perdre à toute personne le devoir de réflexion amenant au libre arbitre, au profit d'une information brute, toute faite et passablement orientée.


Les dernières affaires qui ont éclaté sont autant d'événements nauséabonds dont la mise en avant et le traitement médiatique, quasi privilégié, paraît traduire un mauvais goût prononcé, sociétal, pour le scandale.
Mais cela n'est-il pas le reflet des dérives et déviances du monde d'aujourd'hui... C'est peut-être cette question qui est la clef du débat, tant les médias qui se gavent de trash, semblent verser entre cynisme, complaisance et indignation fallacieuse, qui semblerait créer, à force de scandales, ce besoin du sulfureux pour le grand public.

L'autre dérive pourrait bien être la "peopolisation" de la vie politique avec les mises en scène qui y sont liées, et qui normaliseraient presque la survenue des scandales et autres affaires dévolues aux "peoples", intouchables, starisées à l'extrême.
La politique et les responsabilités qui s'y rattachent ne sauraient être traitées avec une telle légèreté, de celle qui banalise dramatiquement.

Dominique Baudis.
 Bien sûr, par rivalité partisane, chaque camp ne manque pas de s'affronter sur ce thème, et chacun y va de sa petite affaire. Nul n'aura oublier Dominique Baudis, jeté en pâture, à la chemise imbibée d'une transpiration jugée coupable par l'opinion, contraint de venir s'expliquer sur le plateau du journal de TF1 sur une affaire de moeurs qui le mettait en cause.
Depuis lors, les affaires et autres scandales politico-sexuels, se multiplient, chacun se renvoyant la balle pour discréditer l'un ou l'autre camp, mais toujours avec une mesure hypocrite qui sonne particulièrement faux. Nul ne saurait être naïf tant le politique a perdu de sa valeur et de son crédit auprès des populations.

Dominique Strauss-Khan.
Ce n'est pas la célèbre affaire Dominique Strauss-Khan qui prouvera le contraire. Le présidentiable socialiste, favori des sondages pour succéder à Nicolas Sarkozy, est en effet pris dans une sordide affaire de viol, sans commune mesure avec tout autre affaire mettant en cause une personnalité politique de premier rang, d'une telle envergure.
Un fait particulièrement grave s'il est avéré, qui nuit tant à l'homme, qu'à la France, qu'à la représentation du politique.
Et si le quidam des personnalités publiques qui s'est exprimé sur cette affaire, l'a fait avec toute la digne et prudente mesure qui s'impose, comment imaginer une seul seconde que les adversaires de DSK n'y ont pas vu ici une incroyable aubaine, avec le secret espoir que la sur-médiatisation du fait leur profite...

Georges Tron.
Par ailleurs, il est à noter que les scandales sexuels (ceux qui choquent) sont particulièrement à la mode ces derniers temps.
En effet, dans un timing étonnamment rapide, la riposte n'a pas mis longtemps à se faire entendre, puisque Georges Tron, maire UMP de Draveil est accusé de harcèlement sexuel.

Bien entendu, de façon purement formelle, chaque camp s'échine, avec la digne mesure dévolue à ce type de circonstances, à rappeller que tant que la Justice n'a pas fait la preuve des faits reprochés, ces personnalités demeurent naturellement présumées innocentes.

Beaucoup plus en tous cas que tous ces anonymes aux prises avec cette même Justice, et qui paraissent davantage souffrir d'une présomption de culpabilité certaine.
La Fontaine écrivait : "Selon que vous soyez puissant ou misérable, les jugements de cour vous feront blanc ou noir".
Une phrase qui a encore aujourd'hui tout son sens dans un monde très clairement à deux vitesses, où le respect des valeurs dans lesquelles il est censé trouver ses racines est clairement bafoué.

Tout cela est particulièrement choquant, confirme et étaye la défiance des masses dont on réclame toujours plus (économie, exemplarité), à l'égard des politiques, qualifiés d'élites, et qui semblent se placer au dessus des lois et des règles communes.
Parler de moralisation de la vie politique, quand bien même cela est d'une nécessité absolue, demeure toutefois un non sens à l'essence même de ce qu'est la politique qui requiert exemplarité, respect des valeurs éthiques et morales, intégrité et impartialité absolue, souci de l'intérêt général.

Si les faits reprochés aux personnalités, actuellement sous le coup d' accusations très graves, s'avèrent fondés, ces hommes ne se seront pas montrés dignes ni de la confiance témoignée par le peuple qui leur a remis un mandat de représentation, ni de ce que la fonction politique attend de ses titulaires, notamment en matière de vertu.

Qu'on se le dise, même si cela relève de la douce naïveté, la politique n'est pas du people, ce n'est en rien une activité subalterne.
Accèder à la fonction politique exige dignité, témérité et courage ; ce n'est pas l'exécution d'une représentation symbolique ; c'est avant tout comprendre que ce sont des hommes qui ont remis leur confiance et leur vie dans les mains d'un homme, qui a le devoir d'être meilleur.


2 commentaires:

  1. Alors limitons ou stoppons le cumul des mandats .
    Moins de mandats, moins de pouvoir à vie, moins de magouilles y compris dans ce domaine.

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  2. Tout à fait d'accord.

    La politique ne doit pas être l'affaire de professionnels qui y font carrière.

    C'est là la porte ouverte à tous type d'abus, de magouilles et d'affaires en tout genre pour préserver, accentuer le pouvoir au détriment de l'essence même de la responsabilité politique : le souci de l'intérêt général.

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